Résilience et réseaux routiers en Drôme, Ardèche

De WikiRésilience

AIRT « Démarche REX Catastrophes »

Contexte

Il s'agit d'une démarche originale conduite en réaction à la suite de l'incendie de Donzère du 16 novembre 2007 qui a fortement perturbé le fonctionnement du territoire en impactant la circulation sur l'autoroute A7 et des réseaux routiers parallèles. L'objectif de cette page est de présenter le contexte de déclenchement de la démarche SEVRE (préparation de crise pour réduire la vulnérabilité du territoire et sa dépendance vis à vis des réseaux routiers), ses points forts et limites et d'en tirer des enseignements généralisables sur la mobilisation des acteurs, sur la contribution des réseaux à la résilience territoriale et sur les conditions favorables à des actions de renforcement de la résilience sur un territoire.

Présentation du territoire

Le territoire concerné par la démarche SEVRE est représenté par la vallée du Rhône dans la traversée des départements de Drôme et d'Ardèche. La Drôme et l'Ardèche occupent une situation géographique particulière à l’échelon français et européen du fait de leur desserte par un réseau autoroutier, qui constitue un grand axe de communication nord-sud entre Paris, Lyon et Marseille. L'autoroute A7 est secondée localement par le réseau parallèle de la RN7 et la RD86. Aussi, le fleuve Rhône - navigable - et sa vallée jouent un rôle essentiel dans le développement du territoire. Ses abords ainsi que les plaines fertiles plus ou moins étendues concentrent l'essentiel de la population et des activités (Valence, Montélimar, Tricastin), qui se retrouvent dans des zones à forte urbanisation (Valence, Porte les Valence, Montélimar, Pierrelatte, Annonay, Tournon-sur-Rhône...). Enfin, l’économie s’articule autour des activités industrielles et particulièrement du nucléaire, des services (transports routiers), de l’agriculture et du tourisme. La vallée du Rhône accueille également plusieurs voies ferrées, notamment la ligne TGV Paris-Méditerranée.

Les risques auxquels sont exposées l'ensemble des communes drômoises et ardéchoises constituent une liste importante : inondation, mouvement de terrain, feu de forêt, avalanche, sismique, industriel (sites SEVESO seuil haut et seuil bas, stockage souterrain), nucléaire, transport de matières dangereuses (routes et canalisations), rupture de barrage. Les communes limitrophes des deux départements ressortent parmi les communes concentrant le plus de risques sur leur territoire ; il s'agit justement des communes traversées par l'autoroute A7 et le réseau secondaire (RN7 et RD86).


Carte de l'exposition des départements de Drôme et d'Ardèche aux risques majeurs (source DDRM).bmp

  A. Carte de l'exposition des départements d'Ardèche et la Drôme aux risques majeurs (source DDRM)

Présentation de l'évènement

La catastrophe et ses effets dominos

Le 6 septembre 2007, un départ de feu de broussailles à proximité d'une décharge (ICPE) au droit des communes de Donzère et Les Granges Gontardes (26) en bordure de l'autoroute A7, conjugué à un vent du Nord très fort va provoquer un incendie important conduisant à la destruction de 65 ha de végétation, l'évacuation de dix maisons individuelles et le franchissement par les flammes de l'autoroute, entrainant une coupure de cet axe dans les 2 sens pendant 9 heures et une durée totale de l'évènement de 48 heures.


Situation géographique de l'évènement.bmp

  B. Situation géographique de l'évènement à l'origine du lancement de la démarche

En réaction, devant les conséquences importantes pour l'ensemble des réseaux routiers de la gestion de cet événement et en particulier des conséquences de la coupure de l'A7 sur une longue durée, les Présidents des Conseils Généraux de l'Ardèche et de la Drôme ont adressé le 24 septembre 2007 un courrier au Préfet de Région pour demander une meilleure prise en compte des problématiques locales dans l'exploitation de l'A7.

Le courrier insiste particulièrement sur le fait que les engorgements des réseaux routiers de part et d'autre de l'autoroute en cas de fermeture de l'A7, consécutive à un accident, pénalisent l'activité économique de la Vallée du Rhône. De plus, son territoire comporte des sites industriels sensibles (Tricastin, centre de Cruas,...) et les fermetures de l'A7 peuvent avoir des conséquences sur la sécurité en cas de crise.

Construction de scénarios de référence

Pour répondre à l'interrogation des deux conseils généraux, la DREAL de Zone de Défense Sud Est a proposé aux préfets des deux départements de travailler collectivement avec les acteurs opérationnels du territoire sur les mesures à mettre en place pour améliorer leur résilience face à des situations de crises significatives ou de grande ampleur. Cinq scénarios de crise « probables » ont été élaborés. Ils ont été inspirés du contexte d'exposition du territoire aux risques présenté précédemment et des difficultés de trafic révélées par une analyse du trafic des différents axes et des situations de coupures de l'autoroute conduite en parallèle à l'analyse des risques. La particularité de ces scénarios réside dans la conjugaison d'une crise majeure liée à un risque (naturel, technologique ou nucléaire) et d'un évènement générant des difficultés de trafic sur l'A7. La crise majeure peut être concomitante à une difficulté de trafic sur le réseau autoroutier ou en être à l'origine.


Scénarios de référence.bmp

  C. Tableau des scénarios de référence établis

Problématiques majeures retenues

Le travail collégial conduit avec les acteurs de la crise dans les deux départements de Drôme et d'Ardèche intéresse particulièrement l'action AIRT car il permet d'identifier des facteurs de résilience et des mesures d'amélioration sous l'angle de 3 problématiques majeures :

  • La vulnérabilité des réseaux et ses conséquences sur la vulnérabilité du territoire
  • Une entrée par l'approche fonctionnelle des réseaux routiers
  • L'importance de la coordination des acteurs du territoire pour se préparer à un événement de sécurité civile

Enjeux du territoire en matière de vulnérabilités

Les acteurs de la démarche ont validé collectivement les enjeux prioritaires sur lesquels porter leur action. Ils sont présentés dans le tableau ci-dessous et s'articulent autour de 3 grands familles d'objectifs stratégiques :

  • l'organisation opérationnelle de la gestion de crise
  • la communication , la coordination et l'information pendant la crise
  • la gestion du trafic

Il s'agit d'enjeux axés sur la réalisation de missions de gestion de crise car la démarche a été centrée sur l'amélioration de la résilience des acteurs opérationnels de crise.


Tableau des enjeux prioritaires.bmp

  D. Tableau des enjeux prioritaires

Actions menées en faveur de la résilience territoriale

Identification des missions essentielles et réseaux stratégiques

L'analyse des réponses apportées par les acteurs de la crise en terme d'actions à conduire pour traiter les différentes situations de crise et de sites à atteindre (ex : lieux d'hébergement, centres de secours, hôpital, …) confrontée à la réalité du territoire et du maillage routier et autoroutier a conduit à mettre en évidence les réseaux routiers utiles et à identifier les réseaux « stratégiques ». Ces réseaux ont été qualifiés de stratégiques du fait des missions de gestion de crise qu'ils permettent de réaliser que l'on a rassemblées sous 3 volets :

  • Acheminement des secours,
  • Évacuation de la population,
  • Déviations locales de trafic.

Sélection de mesures et plan d'action

Pour chaque scénario, des mesures de réduction de la vulnérabilité ont été étudiées collégialement. Elles touchent différents volets et mobilisent différents niveaux de responsabilité et de maîtrise d'ouvrages, mais on peut les regrouper en trois grands types d'actions :

  • Actions portant sur la gestion et l'aménagement des réseaux routiers
  • Dispositifs de veille et de prévention des crises
  • Actions de sécurité civile


Tableau des actions de gestion et aménagement des réseaux routiers.bmp

  E. Tableau des actions "gestion et aménagement des réseaux routiers"


Tableau des dispositifs de veille et de prévention des crises.bmp

  F. Tableau des dispositifs de veille et de prévention des crises


Tableau des actions de sécurité civile.bmp

  G. Tableau des actions de sécurité civile

Enseignements

Importance d'une démarche collective multi-acteurs

La démarche a permis aux acteurs du territoire de progresser collectivement grâce au travail collégial d'analyse de la situation rassemblant acteurs institutionnels de la crise(Préfecture, SDSIS) et opérateurs routiers. L'analyse collective des besoins des acteurs de la crise et des potentialités apportées par les réseaux routiers pour assurer les missions a permis une meilleure compréhension respective entre les acteurs (la consolidation d'un réseau humain) et une meilleure connaissance de leurs facteurs de progrès.

Des scénarios de crises pour « territorialiser » l'analyse de résilience

Il semble important de « territorialiser » l'analyse et de soumettre les acteurs à des scénarios de crise concrets. A partir d'un retour d'expérience mettant en évidence des faiblesses dans l'organisation, la démarche a permis la réalisation d'un travail de préparation du territoire basé sur l'analyse de scénarios de crise significatifs. La démarche n'a pas porté sur la mise en situation des acteurs de la crise dans des exercices de crise type jeu de rôle mais les a conduits à formaliser et géolocaliser les différentes actions qu'ils ont à conduire pour chaque scénario.

Les réseaux, facteurs de résilience

Les réseaux apparaissent à l'issue de la démarche comme des facteurs de résilience pour les acteurs de la crise. La démarche a permis de renverser le constat initial de vulnérabilité des réseaux routiers susceptibles de pénaliser les acteurs du territoire grâce à l'entrée par les fonctions essentielles qu'ils doivent assurer en situation de crise.

Limites de l'exercice

Il convient aussi de souligner les points de vigilance et limites rencontrés dans cette démarche. Même si la démarche a abouti à la proposition d'un plan d'action concret, partagé et validé par les acteurs, la mise en œuvre opérationnelle du plan d'action n'a pas été totalement aboutie. En particulier, certaines actions nécessitant des investissements financiers conséquents (équipements techniques de surveillance par exemple) n'ont pas été réalisées.

Références

Fiche résumé réalisée par Adeline Bordais (CGDD-DRI) sous l’initiative et la relecture de Jean-Michel Tanguy (CGDD-DRI) ; à partir des travaux de la version complète d'Anne Chanal (CETE Méditerranée). 21/05/2014.

Références bibliographiques

  • Cerema-DTerCentre Est : Stratégie d’exploitation de la vallée du Rhône en Drôme-Ardèche. Phase 1 - Diagnostic circulation. Juillet 2009 (50 pages).
  • Cerema-DterMéditerranée : Stratégie d’exploitation de la vallée du Rhône en Drôme-Ardèche. Phase 2 – Scénarios et réponses de sécurité civile : réseaux stratégiques pour la gestion de crise. Juin 2009 (150 pages).
  • Cerema-DTerMéditerranée et Centre Est : Stratégie d’exploitation de la vallée du Rhône en Drôme-Ardèche. Phase 3 - Propositions d'orientations stratégiques. Juillet 2009 (18 pages).