Renforcer les partenariats entre les acteurs du territoire

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Contexte

Cette fiche entre dans le cadre de l'analyse collaborative des difficultés rencontrées et des pistes d'action proposées par les porteurs de projets.

Une mobilisation de l’ensemble des acteurs de la société

Les éléments de cette partie sont issus de l’atelier sur l’implication des acteurs. La question de départ était : « Quels acteurs ? quels habitants mobiliser ? »

Des habitants sur lesquels s'appuyer pour mettre en œuvre les projets

A travers les initiatives répertoriées et présentées le 17 juin, les citoyens apparaissent comme les acteurs centraux. Nous pouvons noter que l’implication des habitants est souvent présente dans les actions concrètes, en tant « qu'experts du territoire parfois cachés ». Ils peuvent être au centre d’initiatives comme celles des Incroyables Comestibles et du Mat Drôme qui promeuvent les valeurs de solidarité et de partage ou à l’origine de celles-ci comme l’illustre le cas du Pôle Laine du Pays de Saugues.

Les Incroyables Comestibles de Clermont-Ferrand : Des citoyens placés au cœur de la démarche pour un objectif clairement visé de plus de solidarité et de lien social

  • « Notre objectif n’est pas de mettre des potagers en ville, mais d’aller vers une société qui place l’humain avant le profit individuel, c’est la solidarité le partage.

Ce qui touche le plus les gens, c’est le côté solidaire et lien social, c’est de sortir du côté isolé de la ville. Là où ça se démarque d’un jardin partagé, c’est qu’on jardine pour toute la communauté. Le fait qu’on n’ait aucun financement nous oblige à nous faire aider beaucoup. Du coup ce n’est pas plus mal puisqu’on développe de vraies relations avec les gens ». Cyril LE FUR – Incroyables Comestibles de Clermont-Ferrand

Le Mat Drôme : Des jardins pour une agriculture urbaine dont le développement est indissociable de la participation des habitants

  • « Nous sommes situés dans un quartier en ZUS (Zone Urbaine Sensible) et nous sommes dans une logique de développement par la participation des habitants avec des jardins multiformes alimentaires de plus de 1ha. » Meriem FRADJ – Présidente de l’association Le Mât Drôme

Les Ateliers de la Bruyère : Deux bénévoles à l’origine du renouveau du travail sur la laine, pièce maîtresse du Pôle Laine du Pays de Saugues

  • « En particulier, deux bénévoles ayant décidé de travailler la laine sont à l’origine de l’association ; Brigitte et Bruno DEPALLE, fromagers et éleveurs de chèvres » Pascal LAFONT – Directeur des Ateliers de la Bruyère – Pôle Laine du Pays de Saugues


Les chercheurs et les étudiants comme ressource pour l'action

Avec le monde universitaire dans son ensemble, les porteurs de projet disposent de deux ressources :

  • Les chercheurs avec lesquels peut être construit un partenariat s’inscrivant dans la durée et pouvant être soutenu par des collectivités comme les Conseils Régionaux qui peuvent y trouver un intérêt
  • Les étudiants qui peuvent apporter un appui ponctuel dans le cadre de stages ou de projets tutorés
  • « Ce projet de pôle laine a trouvé une première concrétisation grâce à un appel à projet de recherche-action de la Région Auvergne sur l’innovation sociale. Cela a permis de financer le travail des chercheurs du CEREMAC à hauteur de 30 000 euros ainsi que l’obtention d’un financement du PLIE (Plan Local pour l’Insertion par l’Emploi) [...]

Le Maire-Adjoint à l’Économie a [ensuite] fait faire un diagnostic territorial de la Communauté de Communes (par des étudiants en master de l’ISARA) qui montre 3 potentiels : le bois, la pierre et la laine. La collectivité était surtout intéressée par la dimension culturelle du projet. Elle va donc mobiliser des stagiaires de master professionnel pour débuter la muséographie. » Pascal LAFONT – Directeur des Ateliers de la Bruyère – Pôle Laine du Pays de Saugues


Un partenariat bénéfique avec le secteur privé

Parmi les acteurs du secteur privé, on peut citer les entreprises, les agriculteurs, les chambres consulaires, les entreprises de l'économie sociale et solidaire, que ce soit pour l’apport d'expertise ou de financements. Ce partenariat peut aussi aller plus loin, comme l'illustre les cas suivants.

L’entreprise WILO INTEC et l’Entraide du Bassin d’Emploi d’Aubigny-Belleville : Un partenariat renforcé allant au-delà des échanges commerciaux

  • « L’Entraide du Bassin d’Emploi est une structure d’insertion créée en 1987 par des élus, la société civile et les acteurs socio-économiques du territoire. Elle a pour objectif de développer l’activité économique d’Aubigny-sur-Nère en contribuant au retour à l’emploi de personnes faiblement qualifiées. L’entreprise WILO INTEC qui est une multinationale fabriquant des pompes à chaleur, est un partenaire privilégié de la structure. Notre partenariat s’articule autour de différents axes :

- l’achat par les salariés de WILO INTEC des paniers de légumes (principal client)

- une coopération pour faciliter le recours à une main d’œuvre locale via l’intérim

- les échanges de personnel ; ce qui permet à des personnes embauchées au sein d’une entreprise et à des personnes dans un processus de retour vers l’emploi de se rencontrer

- les dons matériels ; notamment de vélos pour faciliter la mobilité des chercheurs d’emploi

- les partenariats lors de la semaine du développement durable. »

Renaud CHENON – Directeur de l'Entraide du Bassin d’Emploi d’Aubigny-Belleville

La SCOP Ardelaine et l’association Le Mat Drôme : Une initiative qui s’appuie sur le réseau existant

  • « L'association Le Mat Drôme trouve ses sources dans l'action d’entrepreneurs alternatifs déjà investis en Ardèche au travers d’une coopérative de développement local autour de la filière de la laine, la SCOP Ardelaine. Au milieu des années 80, ils implantent leur atelier de fabrication de vêtements dans le quartier de la Fontbarlettes à Valence où il restait un savoir-faire du tricotage de la maille. Parallèlement à cette création d'activité, ils fondent l'association Le Mat Drôme dans ce quartier. Eux-mêmes installés dans le quartier en tant qu’habitants, les acteurs historiques de l’association se placent en pairs, déclencheurs, relais d’initiatives, ressources d’outils et de méthodes, franchisseurs d’obstacles, amplificateurs de paroles, interface avec les institutions… »

Meriem FRADJ – Présidente de l’association Le Mat Drôme

Quels sont les facteurs et les modalités favorables à la mobilisation?

Les réponses des participants à cette question n’ayant pas été organisées nominativement, nous avons fait le choix dans cette partie d’organiser l’ensemble des facteurs et modalités autour de trois points principaux illustrés des éléments saillants que nous avons récupérés sur les post-it de la séquence en question.

Favoriser la rencontre entre acteurs du territoire par la mise en réseau

Pour favoriser cette rencontre, les acteurs ont identifié cinq facteurs:

  • connaître au préalable les acteurs et les ressources du territoire
  • reconnaître les différences des acteurs pour permettre leur complémentarité
  • permettre l’élargissement progressif du cercle des personnes ressources et des accompagnants
  • disposer d'un socle commun, de valeurs partagées entre les acteurs
  • définir des objectifs communs

Au-delà de ces facteurs, les participants soulignent l'importance d'une volonté politique dans le jeu d'acteurs ou à-même d'impulser une dynamique collective (pouvoir d'invitation).


Communiquer et être clair sur son projet

La communication sur et autour du projet apparaît comme un point clef de la mobilisation du plus grand nombre d'acteurs. Elle doit se fixer les objectifs suivants:

  • démontrer l'intérêt des parties prenantes dans le projet
  • démontrer l'impact positif du projet sur le territoire

La visibilité et la lisibilité sont deux conditions pour mettre en œuvre une communication efficace et au service du projet. Pour y parvenir, les acteurs mettent en évidence plusieurs leviers permettant de déployer ces deux conditions:

  • la formalisation de l'objectif du projet
  • l'affichage clair des étapes de construction du projet
  • la valorisation des partenaires, de leurs différences et de leurs complémentarités
  • la mise en avant de la réussite d'une action
  • la mise en évidence de la prise de risque des acteurs à l'origine de son développement
  • sa diffusion et sa publicité


Être ouvert à l’innovation en s’appuyant davantage sur la société civile

La société civile est un élément clef des projets représentés au cours de cette journée. Les acteurs ont notamment souligné le rôle qu'elle peut revêtir dans le processus d'innovation qui caractérise les initiatives de transition présentées. Ainsi, l'innovation passe par:

  • la création d'un climat d'accueil, de conditions favorables à la rencontre des idées et des besoins
  • une ouverture d'esprit à même de proposer de contribuer à la transition vers un nouveau modèle économique
  • la reconnaissance de la société civile comme capital social source d'innovation et créativité
  • l'acceptation de la prise de risque

Comment élargir les compétences réunies autour du projet pour qu'il intègre des objectifs diversifiés et complémentaires?

Trois pistes d’action pour favoriser la convergence d'un nombre accru d'acteurs autour des projets à même de diversifier les profils et les compétences mobilisables:

1/ Cartographier les parties prenantes (métiers, personnes, compétences, degré d’implication de chacun) pour identifier les ressources mobilisables et les manques et pour repérer ce que l’on peut mobiliser dans les expériences existantes sur d’autres territoires/projets.

2/ Permettre aux projets d’évoluer dans le temps en gardant : une possibilité à chacun de prendre le train en marche la possibilité de faire évoluer le projet, de le modifier en fonction des nouveaux entrants

3/ Créer des espaces de co-construction afin de faire monter en compétence le collectif, de décloisonner, de permettre la réalisation d’un diagnostic partagé, de faciliter la formation par les pairs.



Fiche résumé réalisée par Adeline Bordais (CGDD-DRI) sous l’initiative et la relecture de Jean-Michel Tanguy (CGDD-DRI) et Geneviève Besse(CGDD) ; à partir des travaux de la version complète "Société résiliente et cohésion sociale". Décembre 2014.